Lorsque tous les cœurs ouverts à de très nombreux mercis ont été élevés jusqu’au clocher (cfr. la vidéo ci-dessus), j’ai pensé à cette invitation qui nous est faite lors de la messe à élever notre cœur pour le tourner vers le Seigneur. (Élevons notre cœur, nous le tournons vers le Seigneur !)
L’opération « à cœurs ouverts » qui a été vécue dans notre paroisse nous révèle trois dimensions importantes de l’Eucharistie :
La messe est célébrée pour dire merci
Le mot « eucharistie » vient du grec « eucharisto » qui signifie « reconnaissance, remerciement, gratitude ». Quand nous participons à une eucharistie, autrement dit à une messe, nous prenons la parole pour dire au Seigneur : « Merci ! ».
Une autre expression est souvent utilisée dans l’Eglise pour signifier cette même démarche de reconnaissance c’est « rendre grâce ». La grâce c’est le don que Dieu nous fait de lui-même, de sa présence à nos côtés, un don que nous pouvons accueillir chaque jour. Les moments de notre existence où nous sommes présents à nous-même, présents aux autres, présents à Dieu sont de vrais cadeaux, des moments de bonheur. Comme le dit si bien sœur Anne Lecu : « la présence de Dieu à nos côtés, c’est la présence des gens qu’on aime ! Dieu n’existe de manière sensible que dans nos relations, ici et maintenant »
Je crois que l’épreuve que nous traversons en ce moment, à des degrés divers, nous invite à retrouver une certaine qualité de présence avec ceux qu’on aime, que ce soit dans la douleur ou dans la joie, c’est cela le don premier de Dieu.
La messe présente à Dieu le travail de tous
A l’image de la guirlande de cœurs débordants de reconnaissance pour le travail de tant de personnes, la messe nous invite à présenter à Dieu, pas seulement le fruit du travail des disciples de Jésus, mais le travail des hommes et donc celui de tout être humain. A l’eucharistie, nous apportons devant Dieu tout ce que nos frères et sœurs en humanité font de beau et de bien, c’est cela que nous offrons !
La messe est un don de Dieu pour tous
Lorsque le Christ se donne à nous dans l’eucharistie, il ne dit pas ceci est mon corps livré, mon sang versé pour vous, mes disciples mais il dit pour vous et pour la multitude. Jésus se donne à toute l’humanité et nous invite faire de même lorsqu’il dit : « faites ceci en mémoire de moi ». C’est le bienheureux Pierre Claverie qui dit que l’Eucharistie fait de nous des frères universels : car elle nous rend solidaires de toute l’humanité. Nous sommes appelés à concrétiser autour de nous ce que nous recevons dans le sacrement. L’Eucharistie nous engage à rompre le pain avec tout homme dans le besoin.
C’est parce que dans l’eucharistie nous présentons à Dieu le travail de tous et que nous accueillons le don qu’Il fait de lui-même à toute l’humanité que, lorsque le temps le permet, j’aime célébrer l’eucharistie avec les portes de notre église grandes ouvertes !
Bon dimanche à tous !
Je nous invite à vivre le temps de prière autour de la Parole de Dieu de ce dimanche et à écouter la suite des vœux de Pâques qui nous sont adressés dont ceux de nos frères et sœurs de Lulingu. Je vous rappelle que notre église est ouverte chaque jour de 8h à 12h pour la prière personnelle.
Alain, votre curé.
HOMELIE DU 2è DIMANCHE DE PAQUES
Chers frères et sœurs,
En ce 2e dimanche de Pâques, l’évangile de ce dimanche combine en un seul récit deux apparitions du Christ à ses apôtres survenues en un intervalle de 8 jours : celle du premier jour de la semaine et celle survenue 8 jours après la première. Dans les deux cas, la situation est presque la même : les portes sont verrouillées, les apôtres sont là, à l’exception de Thomas dont la présence est signalée lors de la 2e apparition. Le Christ rejoint ses apôtres là où ils se trouvent.
Comme il l’a fait pour les apôtres, puis pour Thomas, le Seigneur ressuscité nous rejoints aussi dans nos enfermements. Pour lui, toutes les barrières qui nous enferment ne l’empêchent pas de venir à notre rencontre. Il est toujours là et ne veut qu’une chose : nous rejoindre au cœur de nos vies et de nos déroutes. Il réalise ainsi la vocation liée à son nom d’Emmanuel : il est Dieu avec nous.
Nous avons vu que Thomas a eu beaucoup de mal à croire à la nouvelle de la résurrection du Christ. Pour lui, ce n’était pas possible. Il avait vu Jésus mort sur la croix et enfermé dans son tombeau. Il ne pouvait pas imaginer qu’il ressuscite. Thomas est notre frère jumeau. Comme lui, nous avons du mal à croire au triomphe de la Vie sur la mort.
En effet, comment croire en cette Vie et chanter harmonieusement Alléluia pendant que nous comptons à ce jour 154.188 morts par suite du COVID 19 ? Comment le jour que fit le Seigneur comme jour de fête et de joie peut être célébré dans le confinement, loin de l’eucharistie pour certains ? Que signifie joyeuse Pâques pour nous qui sommes meurtris par la maladie et frappés par la mort des nôtres ? Où est Dieu au cœur de nos souffrances ?
Ne perdons pas de vue que le ressuscité est passé par là. N’oublions surtout pas que celui qui est ressuscité, c’est le fils de Marie qui a semblé échouer aux yeux des hommes, qui a été raillé, maltraité, pendu sur la croix, privé de tout secours et abandonné. Lui qui, tout Dieu qu’il est, a poussé ce cri de déréliction : mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Il n’a pas échappé à la mort, mais il est sorti vivant du tombeau.
L’évangile de ce 2ème dimanche de Pâques tombe à pic parce que je pourrai comparer la situation du monde aujourd’hui à celle des disciples désespérés qui s’étaient confinés, enfermés à double tour dans la chambre haute, au Cénacle, par peur non du COVID 19, mais des juifs. Ils croyaient que c’était fini avec Jésus mis au tombeau. Mais voilà qu’il leur apparaît pour leur montrer qu’il est bel et bien vivant.
Et nous, ne sommes-nous pas enfermés à double tour dans notre Cénacle intérieur ? Recroquevillés sur nous-même, hermétiques à l’autre à cause de nos préjugés, nos étiquettes, nos erreurs passées ou nos fausses certitudes ?
La Bonne nouvelle de ce jour est simple: le ressuscité nous rejoint dans nos lieux de confinement et dans nos peurs. Ne désespérons pas et surtout, n’ayons pas crainte. L’antidote de la crainte, c’est la confiance dans le Ressuscité, et cette confiance est le thermomètre de notre Foi. De même qu’une température trop élevée pourrait en ces jours être considérée comme symptomatique du COVID 19, de même notre forte adhésion et attachement à Jésus, marqué par la qualité des relations que nous tissons avec les autres, ad intra et ad extra, est un indicateur de notre appartenance au bercail du Christ. « Ainsi, parce que tu es tiède, tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche » (Ap 3,16).
Oui, Pâques est réellement la victoire de la vie sur la mort. Comme chrétiens, nous sommes appelés à être les signes vivants de cette victoire. Surmontons nos peurs légitimes, ouvrons nos cœurs au Christ ressuscité. Il est celui qui nous apporte la paix. « La paix soit avec vous ». Ce souhait est formulé 3 fois dans l’évangile du jour. Oui, la paix. C’est tout ce dont les apôtres avaient besoin alors qu’ils étaient enfermés dans leur peur, redoutant ce qui pourrait leur arriver. En la leur donnant, le Christ les comble d’un cadeau inestimable. A notre tour, donnons le meilleur de nous-même là où nous sommes confinés, en multipliant les gestes de proximité, d’attention et de solidarité comme la communauté fraternelle des premiers chrétiens qui nous est donnée en exemple dans la première lecture.
Dans la situation que nous vivons aujourd’hui, n’oublions pas que c’est bien Jésus qui a fait sortir Lazare vivant de son tombeau, non pas pour supprimer la réalité de la mort dans le monde, mais plutôt pour nous révéler ce qu’est la Vie. Celui qui croit en moi, vivra même s’il meurt (Jn 11,26-27). Ne nous éloignons donc pas du Christ, car si nous souffrons avec lui, avec lui nous vivrons, et si nous nous sommes avec lui, avec lui nous régnerons. En lui sont nos peines, en lui sont nos joies.
Joyeuses Pâques à chacun !
Augustin Lwamba, votre prêtre
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