Monsieur le curé -doyen, messieurs les abbés, cher papa André, chers amis, distingués invités, je m’adresse à vous afin de partager mes émotions de joie car c’est un moment à la fois de solennité et de fierté pour moi.
La solennité réside dans le fait que très officiellement grâce à l’analyse de mon dossier et à la confiance qui m’a été faite j’ai été naturalisé. Solennité et fierté . Fierté , il ne s’agit pas de fierté qui donne de l’arrogance ou de la suffisance non ,je pense essentiellement à la fierté de satisfaction. Je suis ainsi fier d’appartenir à ce beau pays de liberté, d’égalité devant la loi et de fraternité ; et à cette belle communauté qui respecte les droits fondamentaux , mais également fier du devoir accompli après tant d’années d’attente et de patience. Mon parcours de mon pays d’origine jusqu’en Belgique n’a pas été un parcours linéaire composé de vie toujours réussie. Il a été également rempli de plusieurs péripéties. Je suis également fier d’avoir d’été accompagné sur ce chemin de réussite qui n’est pas l’aboutissement mais un début. Ma naturalisation est un symbole même s’il est important, il ne constitue pas forcément l’essentiel à mes yeux. Je vous surprends probablement mais sachez que pour moi, l’essentiel est dans ce que servira pour moi et pour vous dans les jours à venir . Chers amis, permettez-moi d’abord de vous raconter mon parcours. C’était au début du mois de juin 2012 date à laquelle j’ai débarqué en Belgique. Arrivé dans un état de fatigue et de méfiance généralisé et de découverte. J’ai été accueilli à Liège avant de me présenter à l’office des étrangers. Le 7 juin j’ai été envoyé au centre provisoire de la croix rouge de Gembloux où j’ai passé 6 semaines avant d’être transféré au centre d’Herbeumont « les fourches » dans la province de Luxembourg. Après 10 mois, j’ai été retransféré dans une initiative locale d’accueil à Diest (chez nos frères flamands ) et c’est de là que j’ai obtenu le statut de réfugié pour des raisons qui ne sont pas gaies à raconter car ce n’est l’objet de ce jour. C’est durant ma présence à Herbeumont que j’ai fait la connaissance du père Philippe de Vestel, père missionnaire d’Afrique communément appelé père Blanc qui était le curé de ma paroisse d’origine quand j’étais servant de messe. Celui-là m’a recommandé d’aller chez l’abbé Vénuste ici présent.( j’avais entendu parler de lui mais je le connaissais pas ) Mais j’avais presque perdu la confiance dans les prêtres pour des raisons relatives à mon départ du Rwanda. Quelques mois plus tard, étant à Diest, j’ai fait la connaissance d’un médecin nommé Murenzi Jean Baptiste qui a contacté lui-même l’abbé Vénuste avant que je puisse le contacter en mon tour.
Mon parcours continue avec un nouvel épisode qui débute avec mon stage à Braine-l’Alleud. Mais je suis arrivé fin juillet où j’ai pris part au camp des ados à Poligny en France en tant qu’observateur. J’ai officiellement commencé mon stage le 1 septembre 2014. Effrayé, angoissé, affaibli, distant de toute personne, j’économisais tout jusqu’à mon souffle. J’observais beaucoup de choses. Et petit à petit et difficilement, avec un peu de sommeil au cours des réunions ,j’ai dû m’intégrer progressivement à la vie paroissiale. Accompagné avec un suivi régulier et efficace : comme l’académie de Braine-l’Alleud, les lectures spirituelles, en passant par une formation à l’écoute spirituelle, à la liturgie et à la pastorale de la santé en même temps que mes études de sociologie.
Il me vient donc à l’honneur aujourd’hui de rendre hommage à toutes les personnes qui ont contribué à mon relèvement. A vous d’abord l’équipe paroissiale, aux prêtres à vous Charlotte pour tant de conseils relatifs à me défouler pendant le moment difficile . Je n’oublierai jamais, quand j’étais de retour de Malines avec des tristes nouvelles ( vous m’avez dit ,va d’abord pleurer aujourd’hui et demain, et après prépare tes examens, il ne faut pas que tu rates deux choses à la fois ) cela a eu un résultat positif. Merci à vous tous de votre présence, merci à notre communauté paroissiale. Merci à vous, Alain curé-doyen d’avoir pensé et mis en œuvre cette belle initiative festive.
Si j’ai commencé mon texte en relatant des faits, des événements de façon plus ou moins chronologique, c’est parce qu’un texte en dehors du contexte est un prétexte. Passons maintenant aux événements de la vie. Chers amis, permettez-moi de remercier le Seigneur et l’évêque qui m’a accueilli dans son diocèse. Comme vous le voyez, il y a des choses que je ne sais réaliser seul. j’aimerais que vous, père doyen, quand vous verrez l’évêque, que vous lui transmettiez mes sincères remerciements de m’avoir accueilli et accompagné jusqu’aujourd’hui. Merci également aux paroissiens et aux amis de la paroisse.
Maintenant c’est vous et votre famille que je remercie du fond du cœur .Merci Papa André et joyeux anniversaire de 91 ans. Merci d’avoir éduqué les gens de bons cœurs qui m’ont transmis ce qu’ils ont reçu de vous. Ils m’ont éduqué, soutenu, corrigé, relevé.
Merci Catherine de m’avoir expliqué les statistiques. Votre manière de m’expliquer les choses a été comme un souffle nouveau qui m’est arrivé. Depuis ce jour-là plus d’échec ! (les témoins sont ici )
Enfin , merci père Alain pour tout ce que vous m’avez appris et donné. J’ai reçu beaucoup de votre part. L’anthropologue Marcel Mauss a théorisé le concept du don et du contre don : Donner, ce n’est pas d’abord donner quelque chose, c’est se donner dans ce que l’on donne Le don cérémoniel est une procédure de reconnaissance. il ajoute que le donneur a une forme de prestige ou d’honneur dans le fait de savoir-donner, quant au receveur il doit d’abord savoir-recevoir et doit ensuite savoir-rendre . Voilà ce que la formation que j’ai reçue m’a apporté. Elle a produit des fruits. Pour ça, j’ai pensé une chose : Aujourd’hui nous sommes le 21 juillet, le jour de la fête Nationale .Nous savons bien qu’hier le roi a prononcé un discours qui est revenu sur les valeurs. En revenant à ces valeurs que je dois défendre avec tout mon être, j’ai pensé à 3 choses : le roi, le royaume et la protection de ce royaume. J’ai également pensé d’où je viens, comment je suis venu et mon état actuel.
Ce tambour symbolise le royaume, le règne. Mais aussi c’est un symbole d’alerte (au Rwanda ancien quand le pays était attaqué, on battait les tambours pour crier au secours. Voilà vous m’avez aidé, vous m’avez secouru dans les moments difficiles. Le tambour est aussi le symbole de la joie. Me voici joyeux grâce à vous. C’est grâce à la paroisse Saint-Etienne que je peux chanter le cantique de Yahwe sur ce qui était la terre étrangère ! Ps 136,4
Le bouclier c’est le symbole de la protection. Le pays doit être protégé , j’en fais partie, et vous, vous m’avez protégé .
Bien chers amis ,je voudrais encore une fois vous remercier de votre présence ,de votre soutien ,de vos prières. Vive le roi ,vive la loi ,la liberté, et l’union fait la force.
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