Après avoir célébré le dimanche dernier l’Épiphanie du Seigneur, c’est-à-dire sa théophanie ou sa manifestation comme l’étoile pour guider les peuples de la terre, l’Église universelle commémore aujourd’hui le baptême de Jésus, au cours duquel il est reconnu par Dieu comme son Fils bien-aimé. Ce baptême se déroule dans le Jourdain, lieu chargé de valeur symbolique indéniable. Il rappelle, d’un côté, l’itinéraire emprunté par les Israélites pour entrer dans la Terre Promise ; de l’autre, leur passage de la mer Rouge. En y situant aussi le baptême de Jésus, l’évangéliste Marc l’interprète comme une nouvelle libération de la servitude d’Égypte et une nouvelle entrée en Terre Promise. Sommes-nous réellement conscients du joug du péché et de sa libération qu’apporte le baptême reçu au nom de Jésus ? Une telle prise de conscience n’est possible que si d’une part, nous sommes humbles. D’autre part, si nous réalisons que la voix du Père disant : « tu es mon fils bien-aimé ; en toi je trouve ma joie », a aussi retenti à notre baptême. Quel honneur et surtout quelle marque d’amour pour chaque baptisé ? Demandons-nous si réellement Dieu trouve sa joie en nous. Si non, qu’avons-nous fait de notre baptême ? A chacun de répondre à cette question tout au long de cette journée.
Abbé Augustin Lwamba
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Homélie
Ce n’est pas la première fois que Jésus vient de Nazareth pour se porter à la rencontre de Jean le Baptiste et que celui-ci, par la grâce de l’Esprit Saint, le reconnaît comme Dieu. On s’en souviendra, alors qu’il était à peine conçu dans le sein de Marie, Jésus s’était déjà rendu auprès du Précurseur lors de l’épisode de la Visitation. Dans un tressaillement de joie, Jean le Baptiste avait alors manifesté sa reconnaissance du Sauveur et provoqué l’exclamation d’Elizabeth : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1, 43).
Tout l’Évangile de ce jour est traversé par la présence de l’Esprit Saint. C’est lui, d’abord, qui inspire Jean le Baptiste et lui permet de déclarer : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales ». Autrement dit, Jean le Baptiste reconnait Jésus comme Seigneur, comme Dieu, comme celui qui est à la fois si proche et en même temps le tout Autre. Dans l’Évangile de Jean, il dira : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29). Dès lors, conscient de l’identité de Jésus, le Précurseur ne se sent même pas digne de défaire ses sandales comme un esclave le ferait pour son maître.
Ensuite, Jean le Baptiste affirme : « Moi, je vous ai baptisé avec l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint ». Le baptême institué par Jésus n’est pas un simple rite de purification : il confère efficacement l’Esprit Saint et ses dons.
Enfin, en remontant des eaux du Jourdain où il vient d’être baptisé, l’Esprit Saint descend sur le Christ comme une colombe et une voix venant des cieux se fait entendre : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie ». Voici Jésus consacré par l’onction du Saint Esprit : il est le Messie, c’est-à-dire, littéralement, celui qui est oint. Remarquons en passant cette théophanie trinitaire : l’Esprit descend sur le Fils et la voix du Père se fait entendre depuis les cieux.
Lors de notre propre baptême, le Père déclare : « Tu es mon fils bien aimé, tu es ma fille bien aimée, tu es toute ma joie ! ». Le jour de notre baptême, nous avons reçu l’onction du Saint Esprit. Le jour de notre confirmation, l’Esprit nous pousse à devenir témoin et missionnaire, autrement dit à faire honneur au beau nom de chrétien que nous devons porter avec fierté et humilité. Temple de l’Esprit Saint, nous avons au fond de notre cœur une source spirituelle véritablement divine : ne l’empêchons pas de jaillir et même de déborder de la vasque du cœur. Et si les circonstances de la vie font que le puit de notre cœur est encrassé par le péché, empêchant ainsi la source de jaillir, courrons déclarer à Jésus comme le lépreux : « Si tu le veux, tu peux me purifier » (Lc 5, 12) ! Une telle prière, faite avec sincérité, ne peut manquer d’émouvoir le médecin des âmes qu’est le Christ et susciter la miséricorde divine.
Que l’Esprit Saint nous comble de ses bénédictions ! Avec joie laissons retentir en nos cœurs la voix du Père qui s’adresse aussi à nous : « Tu es mon fils, ma fille bien-aimé(e) ; en toi je trouve ma joie ! ». Quel bonheur de se savoir aimé, d’appartenir à quelqu’un qui nous offre sa présence parfaite et amoureuse gratuitement !
Nicolas Favart,
Vicaire dominical à la paroisse St-Étienne
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