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Texte de l’homélie
Homélie dimanche de la Sainte Trinité
Il y a deux chemins : celui de la suspicion et celui de la confiance, celui de l’esclave et celui du fils, celui d’Adam et celui du Christ. Il y a en nous deux réalités : l’ivraie et le bon grain, celle de notre condition humaine marquée par le péché et celle de notre condition humaine déjà participante de la vie divine, celle d’Adam et celle du Christ. Adam a désobéi, il a eu peur et s’est laissé entrainé dans les méandres du soupçon : il a perdu sa liberté de fils. Jésus-Christ a obéi à son Père, il a fait confiance jusqu’au bout et nous invite, avec lui, a appelé Dieu « Abba » comme des fils et des filles qui ont foi dans la bonté divine. C’est le sens de cet extrait de la lettre aux Romains que nous venons d’entendre : dans l’Esprit Saint, avec et dans le Christ, nous crions : « Abba », Père ! Dieu n’est pas un maître omnipotent et nous ses esclaves. Il est Père et veut notre bonheur.
L’être humain est fait pour le bonheur. L’accomplissement parfait du bonheur, auquel nous participons déjà en germe depuis le jour de notre baptême, se vivra dans le brasier lumineux du cœur de la Sainte Trinité. Car tel est notre destinée, si nous acquiesçons au salut offert par Dieu : vivre pour l’éternité au cœur de la Trinité, autrement dit dans la joie sans fin du Ciel où il n’y a plus ni deuil, ni gémissement, ni douleur, mais la joie et la paix pour les siècles sans fin.
Nous fêtons aujourd’hui la solennité de la sainte Trinité. Dans l’Évangile que nous venons d’entendre, le Christ envoie ses apôtres avec pour mission de faire des disciples de toutes les nations en les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, autrement dit en les « plongeant » dans la Sainte Trinité, en les faisant participant de la vie même de Dieu.
Quel mystère que celui de la Trinité. On raconte que Saint Augustin (IV-V siècle), évêque d’Hippone, en Afrique du Nord, se promenait un jour au bord de la mer, absorbé par une profonde réflexion : il cherchait à comprendre le mystère de la Sainte Trinité. Il aperçoit tout à coup un jeune enfant fort occupé, allant et venant sans cesse du rivage à la mer : cet enfant avait creusé dans le sable un petit bassin et allait chercher de l’eau avec un coquillage pour la verser dans son trou. Le manège de cet enfant intrigue l’évêque qui lui demande :
« – Que fais-tu là ?
– Je veux mettre toute l’eau de la mer dans mon trou.
– Mais, mon petit, ce n’est pas possible ! reprend Augustin. La mer est si grande, et ton bassin est si petit !
– C’est vrai, dit l’enfant. Mais j’aurai pourtant mis toute l’eau de la mer dans mon trou avant que vous n’ayez compris le mystère de la Sainte Trinité ».
Sur ces paroles, l’enfant disparait. Augustin réalise alors que c’est un ange qui a pris cette forme pour lui faire comprendre qu’il y a des mystères, c’est-à-dire des vérités divines, que l’esprit limité de l’homme ne pourra jamais arriver à comprendre dans leur totalité.
Osons cependant nous frotter à ce mystère. S’il est vrai que trois fois un fait trois, en Dieu l’addition des trois personnes que sont le Père, le Fils et l’Esprit Saint ont pour résultat un seul Dieu. La meilleure définition de Dieu nous est fournie par saint Jean : « Dieu est amour ». Or, le véritable amour ne peut être narcissique, égoïste : il est nécessairement, par essence, tourné vers l’autre (ce qui n’exclut pas, en passant, que l’être humain aie une juste estime de soi). Par conséquent, si Dieu est amour, il faut qu’il soit en lui-même plusieurs. Dieu est en lui-même « famille » : trois personnes qui s’aiment éternellement. Le Père donne tout au Fils qui, en retour se donne entièrement au Père, et de cette circulation d’amour, jaillit l’Esprit Saint, ce souffle d’amour dont la présence nous a été promise par le Christ et dont nous avons célébré l’effusion le jour la Pentecôte.
Le Père, que nous pouvons appeler « Abba », c’est-à dire « papa », nous aime tant qu’il nous a envoyé son Fils pour nous sauver. Celui-ci, afin de ne pas nous laisser seuls, nous a envoyé d’auprès du Père le Saint-Esprit. Bref, nous ne sommes pas seuls : Dieu nous est proche. Ce brasier de vie, de lumière et d’amour que constitue la sainte Trinité, nous sommes promis à y reposer pour l’éternité si nous accueillons librement le salut offert en Jésus-Christ. Oserons-nous faire confiance comme des fils, des filles, à leur Père ? Laisserons nous triompher en nous la foi au Christ plutôt que le soupçon qui a affecté Adam et embrumé de tristesse l’humanité ? Laisserons-nous triompher la joie qui vient de Dieu ? Seigneur, dispose nos cœurs à te faire confiance sur les chemins de nos vies.
Amen.
Nicolas Favart
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