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Texte de l’homélie
L’évangile de ce dimanche nous offre, comme chaque évangile, une bonne nouvelle : la bonne nouvelle d’une prière exaucée.
Et quelle est cette prière exaucée c’est-à-dire écoutée par Dieu ?
C’est une supplication à Dieu pour son peuple, un peuple décrit sous l’image d’une vigne. Et voici cette supplication adressée à Dieu dans cette prière du psaume 79 :
« Du haut des cieux, regarde et vois : visite cette vigne, protège-la »
Ce qui a fait naître cette supplication dans le cœur du psalmiste c’est le piteux état dans lequel se trouve la vigne c’est-à-dire le peuple de Dieu, l’humanité toute entière. Un peuple, une humanité que le psalmiste décrit dans sa prière sous l’image d’une vigne dévastée. Toujours dans sa prière, il n’hésite pas à questionner Dieu sur le pourquoi d’une telle souffrance !
« Pourquoi as-tu percé sa clôture ? Tous les passant y grapillent en chemin ; le sanglier des forêts la ravage et les bêtes des champs la broutent. La voici détruite, incendiée… »
Et quelle est la réponse de Dieu à ce cri de souffrance ?
Sa réponse, nous l’avons entendue dans l’évangile de ce dimanche. La réponse de Dieu à ce cri de souffrance c’est : Je suis la vraie vigne.
En nous disant « je suis la vraie vigne », Dieu, en Jésus, nous dit qu’il a rejoint la vigne que nous sommes au point de devenir lui-même la vigne et de s’identifier ainsi pour toujours à la vigne. Dieu, en Jésus, s’est laissé planter dans la terre. Il est entré dans la vigne. C’est précisément parce que Dieu, en Jésus, a rejoint la vigne au point de dire je suis la vraie vigne qu’il peut sauver cette vigne et nous montrer ce qu’est une vraie vigne c’est-à-dire toute la beauté de notre condition humaine. C’est parce que Dieu s’est fait homme en Jésus qu’Il peut nous montrer ce qu’est la vraie humanité.
Ces paroles de Jésus « Je suis la vraie vigne » rejoignent celle du credo qui dit à propos de Jésus : pour nous les hommes (autrement dit pour la vigne que nous sommes) et pour notre salut il descendit du ciel (autrement dit il a rejoint la vigne)
C’est précisément parce que Jésus a rejoint la vigne abîmée décrite dans la prière du psaume qu’il peut dire je suis la vraie vigne que la vigne ne pourra plus jamais être arrachée, elle ne pourra plus jamais être livrée à l’abandon et au pillage. Elle appartient définitivement à Dieu.
Par le Fils, Dieu lui-même vit en elle. La promesse est irrévocable, l’unité entre Dieu et l’humanité est devenue indestructible comme l’exprime si bien cet extrait d’une prière eucharistique qui dit à Dieu : « Tu as noué entre l’humanité et toi, par ton fils Jésus, un lien si fort que rien ne pourra le détruire »
En disant « je suis la vigne », Jésus nous dit qu’il continue de cette façon à ne faire qu’un avec les siens, avec tous les enfants de Dieu dispersés qu’il est venu rassembler. La vigne signifie désormais l’union indissoluble de Jésus avec les siens qui, par lui et avec lui, sont tous de la vigne et dont la vocation consiste à « demeurer » dans la vigne.
La bonne nouvelle que Jésus nous révèle dans l’évangile de ce dimanche lorsqu’il nous dit je suis la vraie vigne : c’est qu’il est inséparable des siens. Dans l’incarnation, Dieu s’est lié lui-même à chacun de nous.
Une autre bonne nouvelle contenue dans l’évangile de ce dimanche c’est que nous pouvons tous, si nous le désirons nous unir à cette vraie vigne qu’est Jésus. Et dans l’évangile de ce dimanche, Jésus nous dit comment nous pouvons vivre de cette bonne nouvelle, comment nous pouvons répondre à cette union que Jésus nous offre entre lui et nous : en demeurant en lui comme lui demeure en son Père et en entretenant cette union.
Ce verbe demeurer revient 8 fois dans l’évangile de ce dimanche (8 c’est le nombre symbolique de la résurrection) et 12 fois au total dans le chapitre 15 de l’évangile de Jean (12 c’est le nombre symbolique de l’Eglise).
Cela veut dire que demeurer est une caractéristique pascale et ecclésiale. C’est parce que le Christ a vaincu la mort que nous pouvons demeurer attachés à lui pour porter du fruit et c’est parce que sa résurrection est pour tous, que le fait de s’attacher à lui nous relie à nos frères et sœurs, les autres sarments de la vigne.
A la lumière de cette invitation de Jésus à demeurer en lui, je ne serai plus du tout froissé si vous me dites que je suis « demeuré » pour autant bien sûr qu’il s’agisse d’être demeuré en Jésus. Les chrétiens sont donc tous appelés à être des demeurés…en Jésus.
Il y a plusieurs moyens de demeurer en Jésus en s’imprégnant de sa parole au point qu’elle prenne chair en nous en inspirant nos choix, nos façons de voir, nos réactions. « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples » nous dit Jésus (Jn 8, 31) N’espérons pas demeurer en sa parole sans la fréquenter assidûment, avec ténacité, avec obstination. Rappelons-nous cette parole de Saint Jérôme : « Ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ »
Pour que cette union entre le Christ et nous perdure et qu’elle porte du fruit, il faut l’entretenir, la purifier, l’émonder de tout ce qui fait obstacle à cette union et peut lui nuire.
De notre union à Jésus, Dieu attend des fruits. Dieu espère de nous des fruits. Dieu ne se contente pas d’attendre de nous des fruits de notre union avec Jésus mais Dieu s’investit pour rendre notre union à Jésus fructueuse. Il s’agit pour nous d’accepter simplement que Dieu entretienne notre union à Jésus. Les gestes du vigneron évoquent les gestes que Dieu pose pour nous dans les sacrements et qui ont pour but de nous aider à demeurer en Jésus.
Le baptême est le sacrement qui nous branche à cette vraie vigne qu’est Jésus permettant ainsi à notre humanité de retrouver sa splendeur première.
Le sacrement de l’eucharistie entretien cette union entre Jésus et nous au point de nous faire devenir ensemble ce que nous recevons le corps du Christ.
Le sacrement de la réconciliation permet à Dieu, tel un bon vigneron de nous émonder c’est-à-dire d’enlever tout ce qui en nous n’est pas porteur des fruits de l’Esprit-Saint
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