Aujourd’hui, Jeudi saint, l’Eglise commémore le dernier repas que Jésus a pris avec ses disciples au seuil de la nuit où il devait être livré. Jésus institue ce soir-là l’eucharistie. Il annonce que sa Présence demeure vivante dans le sacrement de son Corps et de son Sang.
Ce soir-là, au cours de ce même repas, Jésus lave les pieds de ses disciples. Il s’agenouille devant chacun des douze, témoignant ainsi de la tendresse de Dieu.
Suggestions pour vivre notre prière du Jeudi saint à la maison :
- Mettre en valeur (belle nappe, bougies, fleurs) la table de notre habitation sur laquelle nous prenons habituellement nos repas. Nous pouvons penser à celles et ceux qui s’y rassemblent habituellement et aussi à ceux que nous avons conviés à cette table depuis qu’elle se trouve dans notre maison. Ce soir, c’est le Seigneur Jésus auquel nous nous rendons présent par le temps de prière que nous allons y vivre.
- S’asseoir à la table de notre maison et prendre un moment de recueillement avant de se mettre à l’écoute de la prière qui nous est proposée ce soir.
Bon temps de prière à tous,
P. Alain et toute l’équipe qui nous a préparé ce temps de prière.
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Texte de l’homélie
En écoutant l’évangile du lavement des pieds, je pense à cette réflexion du père jésuite François Varillon qui, dans son livre « Joie de croire, joie de vivre » dit :
« Quand Jésus lave les pieds des apôtres le soir du Jeudi Saint, il les regarde de bas en haut et c’est à ce moment-là qu’il nous dit qui est Dieu. Nous cherchons Dieu dans la lune alors qu’il est en train de nous laver les pieds. Le lavement des pieds est une leçon d’amour fraternel, bien entendu, mais plus profondément, il est une révélation, un dévoilement de ce qu’est Dieu. Dieu ne peut pas ne pas se situer en bas. C’est impossible, sans quoi nous ne pouvons pas dire que Dieu est amour. L’humilité de Dieu est la profondeur même de Dieu ».
A la lumière de cette réflexion de François Varillon, nous pouvons aisément comprendre la forte réaction de Pierre « Tu ne me laveras pas les pieds non jamais ! » Que les hommes soient à genoux devant Dieu, voilà qui semble dans l’ordre des choses mais que le Fils de Dieu, le Messie annoncé, soit là, à genoux devant les hommes, voilà qui renverse l’ordre établi, voilà l’inouïe, l’incompréhensible, la révolution religieuse qu’introduit la révélation chrétienne.
Ce refus énergique de Pierre de se faire laver les pieds par Jésus nous montre comme il est difficile de croire à tant d’amour reçu gratuitement pour soi mais aussi comme il est difficile de croire que cet amour que je reçois gratuitement est aussi donné gratuitement aux autres et surtout à certains autres, certains frères dont je connais bien les défauts ! Jésus ne lave pas seulement mes pieds mais il lave aussi les pieds de celui qui est assis à mes côtés et que, précisément, j’ai quelque peine à supporter ! Jésus lave les pieds de chacun, même de celui qu’il me faut accepter.
Comment Jésus réagit-il devant cette incompréhension totale de Pierre. Il lui dit : « Plus tard, tu comprendras » Tu comprendras ce qu’est Aimer lorsque tu accepteras tout d’abord de te laisser aimer, Celui qui se laisse laver les pieds c’est-à-dire qui se laisse aimer peut, à son tour, laver les pieds des autres c’est-à-dire entrer dans la réciprocité de l’amour : « Lavez-vous les pieds les uns aux autres »
Laver les pieds est un geste que l’on reçoit d’autres et que l’on fait à son tour, il faut l’avoir reçu pour pouvoir entrer dans le don. « Si je ne te lave pas les pieds, tu ne peux avoir part avec moi »
C’est Christian de Chergé, le prieur des moines de Tibhirine qui dit que Jésus a lui-même reçu ce geste. Au moment d’entrer dans sa passion, à Béthanie, Jésus reçoit ce geste d’une femme. L’évangile de Jean nous dit en effet que Marie, la sœur de Lazare et de Marthe répandit un parfum très pur et de très grande valeur sur les pieds de Jésus et que la maison fut remplie de l’odeur du parfum. Jésus ne se dérobe pas à cet amour reçu. Ce geste reçu ouvre la passion et le don de sa vie et Jésus reprend à son compte ce geste au cours du dernier repas. Il laisse ce geste en testament à ses apôtres.
Ce soir, en faisant mémoire de ce geste de Jésus, pensons à tous ces gestes d’amour que nous avons reçu ou dont nous sommes témoins depuis le début du confinement. Accueillons tous ces gestes d’amour et demandons au Seigneur, que nous puissions non seulement les accueillir mais aussi en donner.
Que l’Amour reçu soit aussi l’Amour donné !
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